Réglage de la balance des blancs

Prérégler la balance des blancs ?

Faut-il toujours faire manuellement la balance des blancs ?

La question de la balance des blancs est devenue moins actuelle, et moins précise, avec l’avènement de l’informatique dans les boîtiers de caméras depuis quelques années, pour ne pas dire quelques décennies.

Alors est-ce nécessaire de régler manuellement la balance des blancs, alors que l’informatisation des boîtiers de caméras l’a rendu automatique ?

Cette balance des blancs, on l’expérimente à chaque prise de vue, notamment dans des endroits où les sources de lumières sont multiples, voire différentes en matière de couleur, c’est à dire, de longueur d’onde

La dernière fois que j’ai du me poser la question fut pendant une série d’interviews réalisées dans un studio. Et qui dit studio, dit lumière maîtrisée, c’est à dire avec une longueur d’onde bien définie : blanc, jaune, orange, etc.

Et pourtant, malgré une lumière blanche constante, la balance des blancs, réalisée automatiquement par la caméra, varie. Pourquoi ?

On baigne dans des ondes multiples.

Lors du passage des différents interviewés, on s’aperçoit que, en fonction de la couleur des vêtements portés par chacun, le réglage automatique des blancs varie. Pour s’en apercevoir, il faut garder un œil sur l’arrière plan qui est blanc. Or celui-ci varie en fonction de la couleur des vêtements.

Pourquoi ? Parce que la lumière est une onde, et quand elle va se refléter sur un objet, elle va changer sa longueur d’onde à cause de la « couleur » de cet objet.

NB : En  réalité, l’objet n’a pas de couleur en soit. C’est la façon dont il modifie la longueur d’onde de la lumière qu’il reçoit qui nous donne cette impression de couleur. Concrètement, cette longueur d’onde modifiée arrive à nos yeux (le capteur). Notre rétine envoie cette information à notre cerveau, via le nerf optique. Et c’est dans la zone qui gère ce traitement (la zone occipitale) que notre cerveau va classer cette longueur d’onde comme étant du vert, du jaune, ou du violet.

Ondes

Ondes

Et comme la réalité est toujours plus complexe, la lumière qui arrive sur un objet, possède elle-même une longueur d’onde : cela peut être une lumière bleue, rouge, verte, voire jaune.
Exemple : l’eau absorbe la longueur d’onde qui correspond au rouge. C’est pour cela que les photos ou vidéos sous-marines ont tendance à virer vers le bleu.

Ceci implique que la lumière reflétée par un objet (c’est la raison pour laquelle on le voit…) va instantanément changer sa longueur d’onde en fonction des fractions de longueur d’onde absorbées par l’objet.

Un bon exemple de ce phénomène se trouve ci-dessous dans l’image « Balance 2 » : la lumière blanche des projecteurs est envoyée sur le sujet habillé de couleur pastel. Cette lumière est renvoyée, entre autre, vers la caméra, afin que son capteur reçoive cette information graphique. Cependant, le reflet est également envoyé sur l’arrière plan qui est blanc. Mais ce n’est pas une lumière blanche qui arrive dessus, puisque ce reflet est teinté de pastel…

NB : en réalité, il y a les deux flux. La lumière blanche des projecteurs qui va directement sur l’arrière plan, ainsi que le flux du reflet teinté de pastel.

Les images que nous percevons sont baignées dans des flux de lumières de longueurs d’ondes différentes en fonction des objets qui influencent ces longueurs d’ondes.

Un compromis…

Pour illustrer la réalité, voici trois exemples de balance des blancs sur les seize entrevues réalisées :

La plus simple à régler est la « Balance 1 », car la caméra c’est automatiquement calée sur la chemise blanche de l’interviewé. Et même si elle avait été perturbée par une autre source de lumière d’une longueur d’onde différente (une lumière jaune, par exemple), il aurait été possible de refaire la balance des blancs en post-production grâce à ce référentiel qu’est la chemise blanche. Dans la réalité, le costume bleu marine ne reflète que peu de lumière. En conséquence de quoi, son influence sur l’arrière plan blanc est minime.

Dans la « Balance 2 », la caméra fut perturbée par la dominante pastel des vêtements. Il a fallu se caler, en post-production, sur le blanc de l’arrière plan, tout en faisant attention à la teinte de la peau. Il s’agit de rester dans des teintes proches de la réalité.

Dans la « Balance 3 », c’est plus subtil : à part la peau, tout les éléments de l’image naviguent dans des nuances de blanc. Le chemisier est un blanc « cassé », l’arrière plan est blanc, et le totem est d’un blanc grisâtre. Là où est la subtilité, c’est que l’image de base étant beaucoup plus terne que les autres entrevues, il a fallu augmenter la saturation, notamment pour faire ressortir la couleur de la peau et des cheveux. Seulement lorsque l’on augmente les couleur, on augmente aussi les différences de nuances des blancs. C’est pour cela qu’il vaut mieux d’abord éclaircir l’image, puis ensuite (dans l’ordre des filtres) augmenter la saturation. La modification des nuances des divers blancs est ainsi moins flagrante.

 

Conclusion :

Que l’on soit en automatique ou en manuel, dans ce cas précis, il faudra refaire la balance des blancs à chaque entrevue, à cause des reflets différents, dus aux vêtements, sur l’arrière plan qui est blanc.

L’usage d’un fond noir aurait-il limité ces écarts de teintes ? Par expérience (car je l’utilise dans la photo portrait) cela limite ces variations, mais elles sont quand même là. Car il faut du blanc à l’image pour l’avoir comme référentiel. Que l’on soit en automatique ou en manuel.

Dans des entrevues, le point crucial est la bonne carnation de la peau. Il faut donc avoir un compromis entre la balance des blancs et une teinte de la peau réaliste.

 

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